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Publié le :

28 nov. 2024

Dernière mise à jour :

2 déc. 2024

par

Laurentine

Le quatrième tome du cycle Asmodée Edern : Jean-Pierre Legrand et Philippe Remy-Wilkin en parlent.

Le miroir des illusions : un point final apporté au cycle Asmodée Edern ?

« JEAN-PIERRE :

Quatrième volume du Monde d’Asmodée Edern, Le miroir des illusions présente, lors de sa parution initiale, toutes les apparences d’un point final apporté au cycle. En effet, depuis Retour à Montechiarro – et, avant celui-ci, le « romansonge » Raphael et Laetitia –, une énigme demeure. Elle est d’autant plus lancinante qu’elle constitue la pierre angulaire de tout l’ensemble. Quel est le sens de la malédiction qui, de livre en livre, semble poursuivre Raphael et Laetitia ? Et pourquoi donc la mère de celle-ci, Alba Malcessati, s’oppose-t-elle avec un acharnement obsessionnel à l’union des deux jeunes gens ?

Le lecteur va enfin découvrir la vérité au terme d’un jeu de pistes haletant où, au gré d’indices trompeurs, l’on se fourvoie sans cesse : l’effet de surprise est maintenu jusqu’à la dernière ligne. On le sait maintenant, le cycle ne se referme pas pour autant : c’est Vous qui entrez à Montechiarro qui en sera la clôture, à la manière, écrit l’auteur, « d’une fin qui se veut recommencement ».

PHIL :

Une deuxième énigme concerne le devenir des deux amants mythifiés par le cycle et l’intensité de leur relation, son côté inexorable. Que leur est-il arrivé en Amérique ?

L’auteur, Vincent Engel, ne triche pas avec son lecteur. Après l’avoir pris deux fois à contre-pied, dans Requiem vénitien puis Les absentes, il lui offre, quand celui-ci ne l’attend plus, une vraie fin. Sauf qu’entretemps… un autre fil narratif s’est faufilé puis a pris le relais, et celui-là trouvera son épilogue dans le tome 5.

Mais…

Raphael et Laetitia ! La matière du « romansonge » est réintégrée ici, notamment le moment de la rencontre, du coup de foudre. Mais la problématique de leurs origines rebondit. Une autre originalité ? Vincent Engel ne nous offre pas un Raphael et Laetitia en Amérique, nous n’aurons accès qu’à des bribes de l’épopée. Il ne retrace pas non plus toute leur aventure amoureuse. Non, il choisit de reprendre l’affaire de ces amours loin en amont, à partir de l’histoire des parents de nos deux héros. D’ailleurs, Raphael et Laetitia ne sont même pas cités sur la quatrième de couverture, soit dans le résumé du récit retranscrit supra ! 

(…)

JEAN-PIERRE :

Mais la vengeance a-t-elle jamais consolé d’un amour perdu ? Rarement épigraphe a été mieux choisi : tout le roman en découle et y aboutit. Mené comme un thriller dont le suspense ne faiblit à aucun moment, le roman explore les affres de la vengeance et le mécanisme de l’emprise. L’entrecroisement des destins, le dédoublement des identités et les généalogies tourmentées auraient pu perdre le lecteur. C’était sans compter avec une passion d’enfance de Vincent Engel : le jeu de Lego ! La construction du récit est joyeusement complexe et totalement imparable. Le plaisir de la lecture est constant comme dans les meilleurs Dumas.

PHIL :

Il y a quelque chose de l’effet Rashomon dans ce livre. Comme dans le film de Kurozawa, qui a été précédé par La pierre de lune de Wilkie Collins, nous percevons le récit différemment au gré des angles offerts par les différents protagonistes. Ainsi, auprès de don Carlo, nous percevons Alba comme un monstre, une de ces femmes fatales des films noirs américains. Mais de la découvrir ensuite enfant puis adolescente à Venise chamboule la perspective. »

 

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