Publié le :
21 janv. 2025
Dernière mise à jour :
21 janv. 2025
par
Amélia
Laurent Herrou à propos de "Un ciel de cendres"
La bizarre cruauté d'Édith Soonckindt

Écrire après Auschwitz ? interrogeait Pierre Mertens, s’appuyant pour cela sur les textes d’auteurs ayant survécu aux camps (Primo Levi parmi eux), s’opposant au philosophe Theodor W. Adorno qui estimait que la poésie, et l’art de manière générale, était « impensable » après les camps de concentration. La force du texte d’Edith Soonckindt est de ramener l’humain au cœur du génocide, dans son expérience unique, bien qu’elle fût partagée par près de six millions de Juifs. « Pourquoi ajouter un énième témoignage à la somme de tant d’autres qui jalonnent déjà cette période noire de l’Histoire ? » écrit l’auteure en avant-propos de son terrible ouvrage. « Parce que j’estime que c’est encore et toujours nécessaire, voire plus que jamais, et qu’en ces temps redevenus sombres où le négationnisme et l’antisémitisme ressurgissent de manière insidieuse, il me semble important de témoigner, encore, et toujours, ou bien de rapporter le témoignage de celles et ceux qui ont vécu la triste période en question. » Le manuscrit initial portait un titre différent : La Tombe de votre père est dans le ciel. L’auteure déjà s’y adressait à Isabelle Kahn, et cette convocation dès la couverture permettait une incarnation immédiate : il n’était pas question ici de rapporter le « énième témoignage », pour la citer, d’une victime des nazis, mais de « votre père », soit : de « vous ». De vous, de toi. Il est question de toi, Julius. Julius Wolff. Et en m’adressant à Isabelle Kahn, en écrivant à Ilse Wolff, ta fille, c’est personnellement à chacun, à chacune de ces millions de déportés dont la tombe est dans le ciel d’Auschwitz, de Buchenwald, de Majdanek, et j’en passe, que je m’adresse, semble dire l’auteure...Lire la suite
