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Publié le :

1 avr. 2025

Dernière mise à jour :

1 avr. 2025

par

Maha

«L'or obscur des chemins» d'Éric Brogniet - Une lecture du poète Jalel El-Gharbi

Une lecture du poète Jalel El-Gharbi

«Il faut que le poème réinvente l’aphorisme. La dernière publication d’Eric Brogniet semble obéir à cet impératif né du désir de dire la consistance de l’instant et l’insaisissable tenu dans un vers, dans un verset, dans une phrase assujettie à l’art, à la vérité. Or, rien n’est plus désarçonnant que l’ordre établi par l’aphorisme, parce qu’il est traversé d’antinomies, d’antithèses, de paradoxes, de contradictions.  La dichotomie la plus productive est celle qui apparie le clair et l’obscur, i.e. qui enrôle toutes les déclinaisons de l’antagonisme jamais résolu opposant le jour et la nuit. S’il fallait décrire en un mot ce recueil, qui réinvente l’aphorisme, nous dirions : frêle instant de l’irrésolu. Cet insoluble, qui perdure et s’insinue partout, est redevable à la seule image. A la réflexion, l’or obscur des chemins, c’est l’image.

Nous sommes dans une perspective qui dit la proximité entre la chose et sa négation : entre silence et parole, entre éternel et éphémère, entre ipséité et altérité. Tout cela fait que les échos se multiplient jusqu’à en être méconnaissables. Et pourtant, on relèvera ce vide qui fait penser à Lao Tseu, l’étendue du désert qu’on dirait océane  et une quête de type nietzschéen. Ce qui se lit dans cet intertexte si riche, c’est un éloge du savoir. L’érudition du poète dit l’infini de sa soif.

L’art de l’anaphore tout à la fois rassurant comme chez les présocratiques et angoissant comme chez les postmodernes est ici le mode sous lequel se dit l’assurance face au désarroi d’être. Il naît de ce paradoxe un art aussi paradoxal où le laconisme fait l’effusion, où le présent dit l’absence et où la trouvaille est synonyme de quête. Je cherche à dire que ce recueil de Brogniet laisse une grande marge au lecteur. Lire, c’est écrire.  Et pourtant, le poète assène une vérité : il reste, par-delà toute appréhension possible, un insaisissable qui rend possibles l’écriture et la lecture. Qui les rend salutaires.»


Tunis, mars 2025.




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